Depuis le premier rapport du GIEC en 1990, le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique a été mis en évidence. Aujourd’hui, ses conséquences se manifestent au quotidien, en particulier sur les bandes littorales et les sommets alpins de la Région Sud. Ces effets, loin d’être uniformes, transforment à la fois les paysages et les modes de vie.
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Comment le vivant s’adapte au réchauffement climatique ?
Mis à jour le 18 novembre 2024Des écosystèmes en mutation
Le réchauffement climatique affecte profondément la flore et la végétation, notamment en Méditerranée. Arne Saatkamp, enseignant-chercheur à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, suit l’évolution des espèces végétales, qui s’adaptent en migrant en fonction des températures. Par exemple, le palmier nain, autrefois limité à la frontière entre Nice et Monaco, s’étend aujourd’hui sur l’ensemble du littoral.
À l’inverse, certaines espèces, comme la gentiane, migrent vers des zones plus fraîches. Depuis 40 ans, on observe une montée en altitude des végétaux d’environ 150 mètres en moyenne. Cette évolution favorise les espèces thermophiles, adaptées aux climats chauds, mais fragilise celles qui dépendent de températures plus froides, modifiant ainsi les paysages de la région.
Des défis pour les populations humaines
Les populations ne sont pas épargnées par ces transformations. Olivier Sanzeri, statisticien à l’INSEE, souligne l’augmentation des nuits tropicales (où la température ne descend pas en dessous de 20°) et des journées de chaleur extrême (où la température dépasse les 35°). Entre 1976 et 2005, seulement 5 % des habitants étaient exposés à plus de 30 nuits tropicales par été. Ce chiffre pourrait grimper à 79 % entre 2021 et 2050, avec des zones comme le Var particulièrement touchées (94 %).
Ces hausses de températures affectent surtout les populations vulnérables, notamment les personnes âgées, les jeunes enfants et les ménages vivant dans des logements précaires. Par ailleurs, les travailleurs en extérieur, tels que ceux du secteur agricole ou de la construction (représentant un actif sur dix sur le territoire), subissent des conditions de travail de plus en plus difficiles.
S’adapter pour atténuer les impacts
Selon Joël Guiot, paléoclimatologue au CNRS, l’avenir climatique dépendra des décisions prises aujourd’hui. Ces choix détermineront si la hausse des températures sera limitée à 2 °C ou grimpera jusqu’à 6 °C. Les villes, particulièrement vulnérables en raison de l’imperméabilisation des sols et de la densité urbaine, subissent de plein fouet les effets des îlots de chaleur urbains.
Pour contrer ces phénomènes, plusieurs solutions émergent : végétalisation des espaces publics, désimperméabilisation des sols, utilisation de revêtements clairs, et retour à des constructions méditerranéennes traditionnelles (matériaux isolants, rues étroites).
La biodiversité joue également un rôle central dans cette adaptation. Les écosystèmes naturels permettent de ralentir la montée des eaux et d’atténuer les impacts des tempêtes. Le Conservatoire du Littoral, par exemple, retire certaines infrastructures pour redonner leur place aux habitats naturels. A son image et pour faire face à ces défis, des initiatives concrètes se multiplient pour protéger le territoire et adapter nos modes de vie. Ces efforts collectifs illustrent qu’une cohabitation harmonieuse avec le vivant est non seulement possible, mais essentielle pour faire face au réchauffement climatique.
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