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Le Podcast Région Sud - Parle Sud - Saison 3
Bienvenue dans Parle Sud le podcast de la région sud, chaque mois, partons à la rencontre de personnalités qui, dans leurs domaines respectifs, qu’il s’agisse de médecine, de sport, d’industrie ou de culture, ont su casser les codes. Nos invités ne font rien comme les autres, c’est qui rend leur histoire passionnante !
Avec « Parle Sud », podcast de la Région Sud, faites plus ample connaissance avec des personnalités régionales, et bien souvent, nos meilleurs ambassadeurs ! Ils ont tous un point commun : quoi qu’il arrive, ils seront toujours fiers de représenter le Sud et notre identité.
Renaud MUSELIER
Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
Président délégué de Régions de France
Saison 3
En région Sud, tout est possible ! Il y a la mer et la montagne, les petits villages comme les grandes métropoles, l’artisanat d’art et les techniques de pointe, la force tranquille et l’énergie.
Découvrez bientôt Parle Sud passe à table, la nouvelle saison gourmande du podcast de la Région Sud. Comment la gastronomie du Sud a conquis le monde ? Comment un art culinaire s’érige en art de vivre ? Qui sont les femmes et les hommes qui œuvrent en coulisses ? Partout sur le territoire, des personnalités ont des histoires extraordinaires à nous raconter. Partons à la rencontre de chefs cuisiniers, de sommeliers et de producteurs qui incarnent le Sud de la plus belle des manières, en titillant nos papilles.
Episode 2 – Margaux Gentile et Violaine Menet : La vie de château, de la vigne au verre
Le podcast Parle Sud passe à table ! Dans ce nouvel épisode automnal, partons à la découverte de l’un des produits les plus emblématiques de la région Sud, le vin ! Pour en parler, nous avons rencontré Margaux Gentile, Maître de Chai du domaine Château de Roquefort, et Violaine Menet, propriétaire des lieux avec son époux Cédric. Des vignes à la cave, dans le chai et au milieu des cuves, elles nous font découvrir les coulisses de leur production.
Bienvenu dans « Parle sud passe à table », la nouvelle saison gourmande du podcast de la Région Sud. Comment la gastronomie du Sud a conquis le monde ? Comment un art culinaire s'érige en art de vivre ? Qui sont les femmes et les hommes qui œuvrent en coulisses ? Sur tout le territoire, des personnalités ont des histoires extraordinaires à nous raconter ! Partons à la rencontre de chefs cuisiniers, de sommeliers et de producteurs, qui incarnent le Sud de la plus belle manière : en titillant nos papilles.
Pour ce nouvel épisode automnal, partons à la découverte de l'un des produits les plus emblématiques de la région Sud. Aujourd'hui, on se penche sur ces vins qui enchantent le palais et l'économie locale. Avec un emploi agricole sur 3 dans la filière viticole et une production presque entièrement certifiée AOP ou IGP, notre région est une référence en la matière. C'est d'ailleurs ici qu’est produite la plus grande quantité de rosé au monde. Pour en parler nous avons rencontré Margaux Gentile, maitre de chai du château de Roquefort et Violaine Menet, propriétaire des lieux avec son époux Cédric. Des vignes à la cave, dans le chai et au milieu des cuves, elles nous font découvrir les coulisses de leur production.
Bonjour Margaux !
Bonjour Léa !
Ça va ?
Ouais très bien merci.
Est-ce que tu peux nous dire où en est aujourd'hui ?
Donc aujourd'hui on est au château de roquefort, on est à roquefort-la-bédoule. C'est donc un petit village qui se situe à 400 M d'altitude au-dessus de cassis.
Léa : On voit devant nous un parterre de vignes qui s'étend si tu devais nous raconter un peu ce domaine qu’est-ce que tu nous dirais ?
Margaux : On a face à nous 30 hectares de vignes mais on est sur une propriété qui fait presque 300 hectares, donc on a une biodiversité qui est très riche. Ici en termes de cépage on a des cépages qui sont très traditionnels pour la Provence. On va y retrouver en cépage rouge du Saint saut, du grenache, de la syrah, du carignan, du mourvèdre et pour les blancs on va retrouver plutôt du Rolle, un petit peu d’uni blanc aussi.
Léa : La particularité de ce domaine aussi c'est qu'il est en biodynamie. Est-ce que tu peux m'expliquer ce que veut dire la biodynamie ?
Margaux : Alors ça va être : donner toutes les possibilités à la vigne de vivre et survivre dans de bonnes conditions dans le lieu où elle a été implantée. Donc par exemple, aujourd'hui on se rend compte que les choses plus compliquées dans le sud de la France pour la vigne ça va être de lutter contre la sécheresse. Donc au lieu de venir arroser la vigne on va plutôt s'assurer de bien travailler les sols, d'avoir un système racinaire qui aille très profond pour aller chercher la fraîcheur plutôt que de venir tout simplement arroser et assister la vigne dans son quotidien, ce qui va un peu l’affaiblir puisque le jour on s'arrête de l'eau, elle meurt.
Léa : Est-ce que tu peux me raconter un peu comment vit un domaine comme celui-ci au fil des saisons ?
Margaux : Alors au mois de janvier donc le végétal est en phase de dormance et donc on est plutôt sur une phase où la sève est descendante. On va venir la former, on va venir la tailler selon les besoins du domaine : plus ou moins productive, exposer plus ou moins ces raisins au soleil et cetera. Sur le printemps on va vraiment avoir la phase de sève montante qui va faire que des bourgeons vont sortir. A ce moment-là on va pouvoir gérer un petit peu la production aussi en sélectionnant les bourgeons qui nous intéressent. Tout l'été, on est sur une phase de véraison, c'est la phase de maturité des raisins et après au mois d'août, fin août / début septembre, on passe sur la vendange.
Léa : Et je crois que vous faites une partie des vendanges de nuit ?
Margaux : En effet, le réel intérêt, c'est de vendanger des raisins à des températures plus fraîches. En fait, la chaleur va altérer le goût du raisin et donc du jus. Ici, la totalité de la production sur les 30 hectares est vendangée à la main. Ensuite, tout ce qui est travaux, par exemple de la cave, mise en bouteille, soutirage des vins, ou dès qu’on fait des manipulations sur les jus, ou qu’on les échange d'un tonneau à un autre, on va jeter un œil au calendrier lunaire. On sait qu’il existe un calendrier indiquant que chaque tranche de trois jours a un effet sur une partie du végétal : soit la racine, soit la feuille, soit le fruit, quelle que soit la saison. Donc, lorsqu’on met en bouteille, ce qu’on recherche souvent, c’est plutôt un côté très fruité, assez gourmand, assez plaisant. On évite de faire des mises en bouteille les jours "racines", par exemple.
Léa : Comme tu as commencé à nous parler de mise en bouteille, tout ça, j’aimerais bien que tu nous montres, et que tu nous expliques un peu comment ça marche en nous emmenant au chai et à la cave.
Margaux : Bien sûr allons-y !
Ah, il y a Violaine, justement.
Léa : Bonjour Violaine.
Violaine : Bonjour ! Je suppose que c’est assez surprenant d’arriver ici.
Léa : Oui, complètement. La température, l’odeur…
Violaine : La température est quasiment la même toute l’année. Alors, ici, nous sommes dans le caveau du château. C’est un peu là que tout se passe, en tout cas on peut dire que c’est la maison du vin.
Léa : Vous, ça fait deux ans maintenant que vous êtes ici, j’imagine que vous avez eu le temps de développer une philosophie, une manière de voir les choses, et aussi la production, le domaine ?
Violaine : Oui, alors, on entame notre troisième année, on est en route vers notre troisième millésime. On arrive du nord de la France, on vient de Lille. On avait choisi, avec mon mari, de faire quelque chose qui ait du sens, en tout cas en se rapprochant de la nature.
Ici, au domaine, on a environ 135 000 pieds de vignes cultivés. Et après, Margaux, ça fait quoi en termes de production ?
Léa : Sur une année moyenne, on est autour de 200 000 bouteilles. On voit derrière nous que la cave continue. Il y a de très grands tonneaux. Tu nous fais un petit tour du propriétaire ?
Violaine : Oui, bien sûr, je vais vous faire visiter. Alors, on va passer du caveau au cœur de la cave. Là, on va monter vraiment dans la partie secrète. Mais attention, il faut passer par des petits passages un peu sinueux, car tout est très ancien. Mais tout fonctionne très bien, parce que tout a été extrêmement bien pensé. Attention à votre tête quand même. Moi, j’adore cet endroit, je trouve qu’il y a un côté magique.
Voilà, nous sommes au deuxième niveau. Ici, on travaille les jus et, pour les passer d’un contenant à un autre, on utilise un système gravitaire pour éviter de stresser le vin. On essaie d’aller le plus en douceur possible et de le laisser s’écouler.
Léa : Ça sent fort le raisin, là.
Violaine : Oui, en ce moment. C’est d’ailleurs un peu triste, parce que la fermentation vient de se terminer. C’est une période que, moi, j’adore. C’est quelque chose qu’on ne peut pas partager à travers les réseaux sociaux ou les photos : l’odeur. Ça n’existe pas encore, et pourtant, je peux vous dire que c’est incroyable. Quand on arrive le matin, on sent toutes ces odeurs très fortes, et c’est assez magique.
Léa : Toi, Margaux, en tant que maître de chai, tu dois avoir un avis très précis sur ce qui se passe. Si tu devais résumer ton job en trois mots ?
Violaine : tiens margaux en 3 mots ! Aimons, vivons, buvons
Margaux : Mon travail consiste à réceptionner le raisin, à m’assurer de la qualité de ce qu’on reçoit, à le mettre dans un pressoir (si c’est du blanc ou du rosé), à presser, à prendre les jus, à les passer dans des cuves, à faire démarrer les fermentations et, surtout, à les suivre. Pendant les vendanges, il n’y a pas de jours off dans les vignes : pas de jours fériés, pas de week-ends. Il faut venir surveiller les cuves, comme des enfants. Il faut surveiller la température et la quantité de sucre qui est en train de se transformer en alcool.
La vinification, c’est quoi ? C’est l’activation des levures naturellement présentes sur les baies. Vous savez, quand vous achetez du raisin au supermarché, il y a parfois une petite pellicule blanche. Eh bien, ce ne sont pas des pesticides, ce sont des levures.
Ces levures, lorsqu’elles se retrouvent dans le jus, vont se mettre en activité. Grossièrement dit, elles mangent le sucre et le transforment en alcool. C’est pour ça que plus il y a de concentration de sucre dans le raisin, plus on obtient des vins riches.
Une fois que le sucre est à zéro, on commence à goûter tous les jours. On goûte, on doute, on crache. On commence à se dire : "Cet assemblage va bien aller avec celui-là." Ensuite, on accompagne les vins jusqu’à la mise en bouteille.
Ici, on a la chance de pouvoir utiliser plusieurs types de contenants : des cuves en inox, des cuves en béton (comme vous voyez ici, les cubes rouges), et tout à l’heure, dans la cave, il y avait des foudres en bois. Chaque type a son utilité, et c’est un choix du vigneron.
Violaine : Vous voulez goûter quelque chose ?
Léa : Pourquoi pas !
Margaux : Alors là on est au stade de vin. La seule chose, en fait, qui va vraiment différer du vin que tu vas retrouver dans la bouteille au mois de février, ça sera vraiment sa couleur. Puisque là, en fait, vu que la fermentation vient de se terminer, on a encore tous les sédiments qui sont en suspension. C’est pour ça que, à ce stade-là, on ne va plus toucher les vins. Ça va venir se décanter en fond de cuve, et ce qui va nous intéresser, c’est de soutirer uniquement le jus clair qui se trouve dans la cuve.
Léa : Alors, le roi des vins de Provence, c’est quand même le rosé, qui est autant aimé que dénigré parfois. Il a un peu cette réputation d’être un vin qu’on boit bien frais pour un barbecue. Et pourtant, ça reste un des fers de lance les plus consommés.
Comment est-ce qu’on perçoit le rosé en tant que viticulteur ? On lui rend ses lettres de noblesse ?
Violaine : Alors, si vous me demandez, ça veut dire que je suis amoureuse de notre rosé, surtout de celui qui s’appelle Corail. Parce que, c’est vrai, quand on parle de rosé, voilà, c’est le début des vacances, l’été, le partage entre amis. Mais pas que. Le rosé, finalement, c’est vraiment un vin qu’on peut apprécier toute l’année. Et pour Margaux, je ne sais pas?
Margaux : Pour parler en termes, disons, plus économiques pour la vie d’un domaine, c’est vrai que le rosé ça a été une vraie chance pour la Provence. C’est un vin qui est produit rapidement, vendu rapidement et bu rapidement. Donc, économiquement, pour les domaines, c’est une trésorerie assez rapide. À Roquefort, à peu près la moitié de notre production est dédiée aux rosés, ce qui est très faible pour un domaine en Provence. Ici, justement, l’idée, c’est vraiment de le produire comme un vin, d’y mettre autant d’amour, et surtout de ne pas le voir comme uniquement un produit lucratif. L’idée, c’est de vraiment prendre du plaisir, éventuellement de le garder. On fait un rosé qui se prête très bien à l’apéro, aux moments festifs, mais qui peut aussi être un vin de garde ou un vin qui accompagne des plats un peu plus structurés.
Léa : Et alors, on met des glaçons dans le rosé ?
Violaine : Mon mari vous dira que non, jamais !
Margaux : Si on a bien fait son boulot et qu’on a bien mis le vin au frais avant, de préférence non. Après, je pars toujours du principe que chacun fait ce qu’il veut, parce que le but du vin, c’est de se faire plaisir.
Léa : En tant que viticulteur, il faut faire face aux tendances de consommation, mais aussi à l’environnement qui change. Vous deux, qui êtes dans le vin jusqu’au cou, que percevez-vous ? Le secteur viticole, quels défis va-t-il devoir relever dans les années à venir ? Comment vous appréhendez tout ça ?
Margaux : Le changement climatique impacte énormément les vignerons aujourd’hui. On voit la date des vendanges avancer d’année en année. On voit une pluviométrie de plus en plus catastrophique, et pas uniquement en été, mais sur toutes les saisons.
On se doit, en tant que viticulteur, en tant que vigneron, de mettre en place des pratiques qui vont peut-être nous faire sortir de nos habitudes. Je pense qu’il y a un vrai challenge pour les vignerons aujourd’hui : avoir l’esprit ouvert et aller chercher des pratiques qu’on n’avait pas forcément l’habitude de mettre en place jusqu’ici.
Léa : Alors, pour terminer, j’aimerais bien avoir une petite session de coaching pour tous ceux qui ne savent jamais quoi dire pour décrire des vins, à part « j’aime » ou « je n’aime pas ». Le B.A.-BA, c’est quoi ? Un peu de vocabulaire, deux ou trois notions pour s’en sortir ?
Margaux : En fait, déjà, le « j’aime, je n’aime pas », finalement, c’est quelque chose de primordial. Parce que je pense qu’on boit du vin, pas pour se gargariser ou en mettre plein la vue, mais vraiment pour se faire plaisir. Et on pourrait s’arrêter là.
C’est vrai que le monde du vin a toujours eu cet aspect un peu pompeux, un peu « j’aime bien en mettre plein la vue », décrire les arômes, etc. C’est souvent assez flatteur de le faire, mais on n’est pas obligé.
Déjà, si on a un peu envie de le faire, on peut mettre les vins dans des catégories :
Des vins qui vont être plutôt sur la tension, la fraîcheur, la minéralité. Des vins qui vont être gras, ronds, fruités.
Souvent, on a tendance à confondre le fruité et le sucré, pour les vins rouges notamment. Il y a des vins tanniques ou des vins légers, un peu aux antipodes l’un de l’autre. Les vins de garde ont tendance à être tanniques. Les tannins, c’est cette sensation de râpeux en bouche, qui peut être agréable, mais pas forcément si elle est trop prononcée. Après, je pense que la meilleure façon d’apprendre à connaître ses goûts, c’est de faire des comparaisons. Essayez une dégustation ou même une consommation un peu active. Quand on aime quelque chose, se demander : « Ah, mais c’était quoi ça, en fait ? » Et puis, bien sûr, allez chez son caviste. Arrêtez d’acheter du vin en grande surface. Faites-vous conseiller, échangez, et essayez de faire de ce moment un plaisir.
Violaine : Déguster, c’est choisir de mettre ses sens en éveil. Ça veut dire, eh bien, voilà, se laisser porter, éveiller ses sens, et essayer, comme un jeu, de chercher ce que ça nous procure. Écoutez vos sens, laissez parler votre ressenti. Cette magie-là dont je parlais, c’est incroyable. Je vous invite vraiment à découvrir tout ça.
Léa : Merci beaucoup à tous les deux d’avoir participé.
Violaine : Merci à vous.
Margaux : Merci Léa.
Léa : Merci d’avoir écouté cet épisode « Parle Sud à table ». On se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. Et si ça vous a plu, parlez-en autour de vous et abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode.
Episode 1 – Xavier Laquièze et Adrien Bacqueville : Dans les cuisines de la Bonne Mère !
Le podcast Parle Sud passe à table ! Le 1er épisode de cette nouvelle saison gourmande vous emmène au sommet de la Bonne Mère. Dans le restaurant Notre Dame de la Garde, Xavier et Adrien reviennent sur leur parcours, du lycée hôtelier de Marseille au lieu le plus emblématique de la ville. Bonne écoute !
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Bienvenue dans Parle Sud passe à table la nouvelle saison gourmande du podcast de la région Sud. Comment la gastronomie du Sud a conquis le monde ? Comment un art culinaire s'érige en art de vivre ? Qui sont les femmes et les hommes qui œuvrent en coulisses sur tout le territoire ? Des personnalités ont des histoires extraordinaires à nous raconter. Partons à la rencontre de chefs cuisiniers, de sommeliers et de producteurs qui incarnent le sud de la plus belle des manières.
En titillant nos papilles. En ce mois de rentrée scolaire, 200 000 élèves ont retrouvé les bancs des lycées de la région Sud. Qui dit gastronomie, dit lycée hôtelier. Alors nous avons rencontré Xavier Laquièze, professeur de cuisine au lycée Jean-Paul, passé à Marseille et Adrien Bacqueville, l'un de ses anciens élèves, aujourd'hui aux manettes du mythique restaurant de la Bonne mère.
Ils nous ont reçus dans cet établissement historique longtemps tenu par les sœurs de Notre-Dame de la Garde. Bonjour, Bonjour ! Bonjour Léa. Alors aujourd'hui, on est devant le restaurant de Notre Dame de la Garde. Est-ce que tu nous emmène en salle ? Avec grand plaisir. Bienvenue ! Du coup, là, on est dans l'antre du restaurant et on a essayé de garder un peu les couleurs du sud, les couleurs chaleureuse et accueillante.
On a gardé le sol d'époque, on a gardé un peu la décoration d'époque et on a les rappels bien sûr religieux qu'on retrouve à la basilique. On s'est servi de toutes les photos et ex voto qui sont les archives de Notre Dame pour décorer l'établissement. Et après ? Du coup, on a intégré l'artisanat monastique pour mettre en avant aussi tous les produits qui sont faits dans l'artisanat monastique de la région.
On a quand même des produits qui sont fabuleux et une région qui est fabuleuse. Et on retrouve les sirops, le miel, la confiture et tout ce qui peut être fabriqué un peu partout.
Toi, quand tu as ouvert ici, donc tu t'es dit je vais garder l'esprit du lieu dans le mobilier et tout ça. Et on a décidé de garder en fil rouge des produits locaux et des prix raisonnables.
Parce que ce qu’'il faut savoir aussi, c'est qu'on a cette clientèle de pèlerins, mais on a aussi une clientèle de locaux et de touristes. Donc c'est là où c'est un peu compliqué, c'est qu'il faut vraiment adapter les produits à tout le monde et à toutes les origines et à toutes les cultures. Nous, quand on a récupéré l'idée, c'était de garder cette salle, ce restaurant d'accueil et qui puisse permettre aux salariés de la basilique et aux salariés de l'église de venir manger à un certain tarif et en même temps de leur proposer quand même quelque chose qui est varié et qui est adéquate à un repas journalier.
En fait, tout le monde ne peut pas manger tous les jours à 25 € et ainsi de suite. Donc le but c'était vraiment de garder cette proximité. Mais tout le travail qu'on a fait autour de la carte avec le chef, ça a été de ramener des produits locaux, mais en même temps aussi de faire travailler des gens en situation de handicap sur le travail des gens qui sont de toutes les origines et de tous les savoir-faire.
C'est à dire qu'il y a des gens qui n'ont pas forcément de formation. Alors on a fait un travail avec la Croix-Rouge qui nous a permis d'intégrer aussi des mineurs isolés en formation. Donc voilà, le but, c'est vraiment de travailler tout autour du social et du local.
Est-ce qu’on passe en cuisine pour voir un peu ce qui s'y passe ?
Avec un grand plaisir.
Donc on a la photo du pape François au-dessus de la cuisine et tu nous expliques ?
Alors du coup, pour la petite histoire, du coup, quand on a accueilli tous ces bénévoles et tous ces pèlerins qui venaient pour la venue du pape, on a décidé, moi et mon associé John, de rester ouvert pour justement proposer entre guillemets, un lieu de repos, un lieu de restauration pour les gens.
Ce qu'on n'avait pas prévu, c'est qu'il y avait beaucoup de monde. Et pour la petite histoire, pour vous dire qu'en fait le restaurant est vraiment simple, c'est qu'en fait on a coincé la porte de la cuisine avec une chaise et j'invitais les gens à venir se servir dans la cuisine pendant que moi je cuisinais. Ils coupaient leur bout de pain eux-mêmes et attrapaient leurs couverts pour aller s'asseoir et vraiment faire comme à la maison, sans service, sans personne.
Tu pensais recevoir le pape François un jour dans ta vie ? Ah, pas impossible. C'est vraiment. On vit des choses dans nos métiers qu’il faut vivre pour les croire. Que ce soit le pape, que ce soit la flamme olympique, que ce soit le président qui est venu manger chez nous. Ce sont des choses que vous vous dites, jamais ça ne vous arrivera et au final, bah on les vit et c'est ça qui est énorme.
Donc là on est en cuisine et Adrien c'est Xavier qui fait tout le boulot là j'ai l'impression ?
C'est un peu ma vengeance. Non, en fait ce qu'il faut savoir, c'est que Xavier m'a suivi pendant cinq ans au lycée. Derrière, on a continué ensemble à échanger sur des projets, sur des problématiques professionnelles que j'avais, sur des fiches techniques, sur un peu sur des avis que j'avais besoin d'avoir.
Et du coup, maintenant, ça fait presque dix ans qu’il me suit un peu dans mes projets, dans mes aventures. Et c'est vrai que c'est un peu, un peu la continuité de la formation qu'on a reçue au lycée hôtelier, C'est que on a une certaine rigueur, on a eu un certain professionnalisme, mais derrière il y a quand même un très grand suivi des élèves et de leur avenir.
Chef, là, vous êtes obligé de rebondir là-dessus. Bien sûr, bien sûr. Alors, Adrien, c'était un garçon avec beaucoup de cœur, mais beaucoup de caractère aussi, parce que dans ce métier, Il en faut du caractère. Donc du coup, on s'est souvent, on s'est souvent accroché. Par contre, il y avait beaucoup de bonne volonté et moi j'ai toujours cru en lui.
J'ai toujours cru en lui parce que c'est un garçon, comme je le disais, qui a beaucoup de cœur et qui s'investissait à l'école. Il avait du mal avec l'autorité, en revanche, il faisait partie des meilleurs de ma brigade, même si ça a été des moments un peu compliqués où j'ai dû me mettre à la plonge parce que parce que bien, il m'a, il me répondait Bon, mais regardez, aujourd'hui, je suis très fier de son parcours.
Il a, il a monté pour moi un petit empire d'affaires, il a beaucoup, beaucoup œuvré, on va dire, sur tous types de restauration, la fine équipe pour le traiteur ici à la bonne mère, le bon air en bas où il est plutôt sur du street food. Et puis il vient pour le BTS, il vient corriger, il vient m’aider quoi.
Et en fait, c'est ça le bonheur de notre métier. Au lycée hôtelier de Marseille, donc dans les locaux de la région, c'est vraiment de pouvoir retrouver des anciens et c'est pour ça que je pense qu'il a toute sa place justement dans le partage avec l'école hôtelière et avec nous quoi. Voilà.
Adrien, tu nous balances un gros doss sur Xavier ? Un truc croustillant ?
Non, non non non non. C'est le gros défaut qu'il avait, c'est son caractère de cochon. Xavier, s'il vous parlait avec les élèves qui l'ont eu et pas eu ça qui est impressionnant, c'est que même ceux qui n'ont pas eu peuvent vous dire qu’il crie très fort et qu'on a tendance à l’entendre à l'autre bout des cuisines.
On dit maintenant il crie un peu moins, mais c'est vrai qu'il est connu pour ça d'être une grande gueule et un franc parler. C'est quelqu'un qui ne mâche pas ses mots, mais c'est ce qui m'a fait avancer moi, parce que je pense que si quelqu'un m'avait expliqué la vie simplement, je pense que ça ne serait pas passé. Je me vengerai plus tard.
J'attends encore un peu.
Donc Xavier, c'est quoi ton secret pour mater les élèves récalcitrants ?
Il ne faut pas lâcher. Dans la cuisine, il y a un chef. On leur donne une rigueur sur la tenue. Après. Donc il y a une façon de s'exprimer. On dit oui, chef, on répond. Et puis vous savez, l'école hôtelière, ce n’est pas un cocon, c'est une préparation, c'est un microcosme qui les prépare aux métiers.
Et notre objectif, c'est de mener des élèves comme Adrien à réussir et à être notre fer de lance en disant Voilà, regardez, ils sont passés par le lycée hôtelier Marseille régional automatiquement, regardez tout ce qu'il a appris.
Et toi, 24 ans de lycée hôtelier à Marseille. Oui, il n'y a pas plusieurs casquettes mais plusieurs toques. Du coup, tu peux nous raconter un peu parce que là je lis sur ton sur ton avis jeune Talent Escoffier, coach Concours des jeunes talents, tu m'as parlé tout à l'heure des MOF. J'ai l'impression qui se passe quand même beaucoup de choses dans ce qui se lycée ?
Le lycée de Marseille c'est un gros bébé puisqu'on a des belles cuisines qui permettent d'organiser des concours, donc de meilleur ouvrier de France chez nous, on a organisé le championnat de France de dessert, on organise régulièrement des concours pour les personnes handicapées, On organise aussi des soirées à thème puisqu'on a un restaurant gastronomique pédagogique.
Il faut savoir que c'est tous les métiers de bouche. Il va y avoir de la boulangerie, de la pâtisserie, il va y avoir donc de l'apprentissage et de l'initial, de la cuisine, du service très important. Voilà, c'est un gros lycée en tout cas dans ce gros lycée, vous avez l'air de vous être bien trouvés tous les deux.
Tout à l'heure, Adrien, tu m'as parlé d'un potager. Est-ce que tu nous emmène le voir avec moi et on y va ?
Donc on passe par la petite porte de derrière pour aller au potager. Je suis galant, je vous laisse passer. Trop gentil. Vous avez tous adorables à profiter, c'est rare quand on est soi. Vous faites un peu du sport quand même.
Ça, ça ne va pas avec nos ventres.
En fait, le potager le plus beau de Marseille, le potager avec la plus belle vue de Marseille, c'est ça ?
On avait un potager ici qui est un peu à l'abandon et qui n'avait pas de sens à nos yeux, à part les arbres fruitiers sur lesquels on arrivait à récupérer quelque chose, le reste, on n’avait vraiment rien. Et du coup, on a décidé avec l'aide de l'ESA, de faire venir des travailleurs pour nous aider. C'est un centre qui permet aux travailleurs handicapés d'être formés, de travailler dans différentes branches qui font plein de choses et donc là, ça branche le jardinage. Donc du coup, ce qu'on a fait, c'est que on a fait une sélection avec une pépinière qui a au banc et du coup on a choisi plusieurs variétés.
Vous avez les courges qui sont en train de pousser, on a des poireaux, on a des courgettes avec le faire de courgettes, on a de la salade. On est sur un lieu qui est du matin au soir ensoleillé.
Et tout ça, ça passe au resto ?
Alors la 90 % ça passe au resto. Et après on partage aussi avec la communauté qui vit ici et ça permet aux sœurs d'avoir aussi une proximité, c'est à dire que ça leur permet de venir ramasser ce dont elles ont besoin.
Dès qu'on peut partager avec des gens. On partage, c'est assez. Le but aussi, c'est que ce soit ramassé et consommé.
Là, toi, en tant que prof, tu peux être que très content de voir ça ?
Oui, bien sûr, c'est ça en fait, c'est une finalité, c'est un c'est une fierté. Oui, c'est un c'est du beau boulot.
Merci d'avoir écouté cet épisode de par le Sud Passe à table, on se retrouve le mois prochain avec un nouvel invité. Et si ça vous a plu, parlez-en autour de vous et abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode.