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Dominique Hauvette : rencontre au cœur du vivant
Mis à jour le 27 mai 2024Ce 18 septembre au Domaine Hauvette, les vendanges sont déjà terminées. Cette année, les récoltes ont commencé avec plusieurs semaines d’avance à cause des fortes chaleurs de l’été, à tel point que la propriétaire a le temps de nous recevoir. Dans le chai, pendant que la maîtresse des lieux nous fait une rapide présentation, les cuves se remplissent de raisins. Autour de nous, tous les outils de vinification sont pensés pour ne pas brusquer le vin et assurer une fermentation douce et naturelle, loin d’une production industrielle.
"J'ai eu une vie de veinarde"
Née de parents hôteliers à Val d’Isère, benjamine de 3 frères, Dominique Hauvette se dit « veinarde » d’avoir grandi en vivant « des choses folles ». De la montagne à la Méditerranée, elle a partagé son temps entre la pratique du ski et de la voile. Jusqu’à ses débuts dans le vin, Dominique était notamment monitrice de ski.
A partir de ses 7 ans, elle développe une passion pour l’équitation. « Quand j’étais petite je faisais des dessins de chevaux, et je rêvais d’en avoir, à moi, quand je serai grande ». Elle a réalisé son rêve et élève une quarantaine de pur-sang arabes qui courent dans le monde entier. Cette amoureuse de la nature vit dans une cabane, entourée de ses vignes et de ses chevaux, libre de se couper de toute civilisation.
« Chez moi c’est propre, c’est vivant, j’essaie de travailler dans le respect de la nature »
Jusqu’à ses 38 ans et les premières récoltes dans ses vignes des Alpilles, achetées dans les années 80 par son père, Dominique Hauvette n’avait pas développé d’intérêt particulier pour le vin : « Nous avions la culture de la bonne cuisine et des belles choses, mais à l’Hôtel de mes parents à Val d’Isère, on vendait uniquement des vins blancs de Savoie, des tords boyaux » raconte-t-elle.
Dès ses débuts en 1988, cette vigneronne a choisi de se concentrer sur une vinification haut de gamme, commençant avec 2 hectares seulement. Aujourd’hui, ses vins blancs, rouges et rosés sont particulièrement recherchés pour leur qualité, mais aussi pour leur originalité. Depuis toujours, Dominique Hauvette se qualifie de « non interventionniste », et n’utilise aucun produit chimique transformé, ou qui puisse pénétrer directement la sève de la vigne. Hors de question d’essayer de tout contrôler, cette pionnière en biodynamie se contente de faire confiance à une nature « incroyablement bien faite », et à l’énergie de la terre. Passionnée par le vivant, elle insiste sur le fait que chez elle « c’est propre, c’est vivant et je laisse libre cours à la nature. C’est ce qui fait, je pense, que tout mon petit monde est content d’être là ».
Ce petit monde, c’est le résultat de la production en biodynamie. Dans cette vision de la culture, les producteurs considèrent que tout est lié, que le développement des plantes trouve un équilibre avec le sol nourricier et l’environnement, principe que Dominique Hauvette, précurseur dans le milieu, a choisi d’adopter depuis toujours. Outre cet équilibre trouvé par le vivant, le respect des phases de la lune fait partie de cette technique tout comme les préparations destinées à régénérer la terre et renforcer les vignes.
Au-delà de la production, cette vigneronne souhaite maitriser la distribution de son produit. Pendant plus de 25 ans, elle a sillonné la France pour vendre son vin dans des restaurants. Aujourd’hui ses clients sont triés sur le volet, ses 15 hectares de vignes ne permettant malheureusement pas de satisfaire tous les amateurs de vins SAINS (Sans Aucun Intrants Ni Sulfites).
Dominique Hauvette a une vision particulière et assumée de son travail. Elle rappelle qu’elle a lutté pour s’imposer : « je suis libre dans la mesure où j’ouvre ma gueule, ça je le fais volontiers, mais je suis marginale et ce n’est pas toujours accepté. »
« Le monde est macho »
A la question « est-ce difficile d’être une femme dans ce milieu d’homme ? », Dominique Hauvette répond sans hésiter : oui.
J’ai mis 30 ans à m’imposer en tant que femme dans un métier d’hommes, notamment parce que c’est très physique, surtout quand on a un petit domaine. J’ai besoin des hommes. Je n’irai pas me battre pour que les femmes fassent tout comme eux, mais je reconnais que c’est encore un combat de se faire respecter.
Le monde est macho. Nous avons tous un côté féminin et un côté masculin plus ou moins développé, mais il faut reconnaitre que les hommes ont horreur de recevoir les conseils d’une femme, ça ne leur plait pas du tout qu’on sache faire des choses mieux qu’eux. Souvent d’ailleurs, quand j’embauche un homme, il veut absolument être à la hauteur, au point de ne pas respecter les consignes que je lui donne.
Après 35 ans de métier et une nomination en tant que vigneronne de l’année 2020, Dominique Hauvette a su s’inscrire parmi l’élite des vignerons de Provence. Ces dernières vendanges achevées, il n’y plus qu’à laisser le temps faire son travail pour découvrir une nouvelle cuvée 2023.