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Berger et chèvres
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Agriculture, Particulier

En immersion dans la vie d’un berger de la Sainte-Baume

Mis à jour le 12 mai 2023

La Fromagerie des Vallons de Roquebrussanne a ouvert ses portes au public dans le cadre des rendez-vous du parc organisés par le PNR Sainte-Baume. Du pâturage à la traite jusqu’à la fabrication du fromage, les participants ont pu se frotter à la vie de berger.

A la Roquebrussanne, tout le monde connait la Fromagerie des Vallons. Mais tout le monde n’a pas la chance de connaitre personnellement les 170 chèvres qui composent le troupeau de Mathias, notre berger ! Pour les rencontrer, un petit groupe s’est donné rendez-vous de bonne heure. Parmi les participants, certains viennent des environs du parc, d’autres de Belgique et d’autres encore des Etats-Unis ! La fromagerie de la Roquebrussanne est à deux sabots de s’internationaliser ! Autour d’un café, Charlotte, la compagne de Mathias, elle aussi pleinement active dans la vie de l’exploitation, nous accueille.

Grimpette et traite

La journée commence par une petite heure de grimpette pour retrouver le troupeau, paisiblement installé sur le plateau d’Agnis, au cœur du Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume. Première constatation : il faut une solide paire de mollets pour être berger. Pour répondre aujourd’hui aux questions des curieux, Mathias devra également connaitre sur le bout des doigts toutes les plantes croisées sur le chemin ainsi que le participe passé du verbe traire. Arrivés en haut, nous apercevons le troupeau en pleine traite, les chèvres bien sagement alignées, occupées à dévorer leur grain pendant que Guillaume récupère leur lait. Au pic de la saison, le troupeau peut produire 200 litres par jour. Il y a les chèvres du Rove avec leurs grandes cornes torsadées et leurs robes rouges, les Saanen, blanches et soyeuses, ainsi que l’alpine, grande laitière, entourées de chevrettes plus mignonnes les unes que les autres. Elles ont leur petit caractère et n’hésitent pas à jouer des cornes pour calmer les ardeurs de leurs congénères. Dans le troupeau, la hiérarchie est claire : les cheffes sont en tête, pour se déplacer et pour manger, et leurs filles le seront à leur tour. Pour les autres, il faudra jouer des coudes pour faire sa place. Au milieu de ce petit monde, les Patous se font dorer la pilule. Ces chiens, élevés avec le troupeau, sont ordinairement peu câlins. Ceux de Mathias font exception à la règle. Leur rôle est de protéger le troupeau contre les attaques, et notamment face à la meute de loups qui a élu domicile dans le parc. « J’ai décidé d’augmenter le nombre de Patous en prévision des attaques, explique le berger. Pour l’instant les loups sont surtout occupés à chasser les sangliers, qui sont très nombreux. Mais lorsqu’ils en auront fini avec eux, je ne veux pas qu’ils se tournent vers mon troupeau. » L’année dernière, 15 chèvres ont été perdues à la suite des attaques. Pour être indemnisés, les bergers doivent retrouver les corps de leurs bêtes, ce qui n’est pas toujours chose aisée.

Dégustation et lactation

Une fois la traite faite, il est temps pour le troupeau de regagner son pâturage, escorté par un border-collie surexcité. Mathias pratique le sylvopastoralisme : il laisse ses chèvres dans la forêt, leur permettant de se nourrir tout en débroussaillant. « Autant sur les pratiques d’élevages que sur les modes de production, il nous paraissait logique et cohérent d’adhérer à la charte de valeurs du PNR, précise Mathias. Nos chèvres sont toute l’année sur le plateau d’Agnis, au cœur du parc, et nous travaillons avec la mairie et l’ONF sur la gestion des caprins en forêt pour lutter contre les incendies. » Les chèvres sont gardées dans de vastes clôtures mobiles, que le berger déplace régulièrement. Au printemps la végétation foisonne, les tendres feuilles de chêne blanc sont irrésistibles et le lait coule à flot. Depuis qu’elles ont mis bas en février dernier, la lactation va bon train et ne tarira pas avant la fin de l’été. En septembre, les boucs se remettront au travail pour les saillies, et cinq mois plus tard les petits cabris marqueront le début de la nouvelle saison des fromages. A deux pas du magnifique jas qui trône sur le plateau d’Agnis, un autre plateau attend, de dégustation cette fois. Les petits fromages, couronnés d’un brin de Pèbre d’aï, disparaissent en un éclair dans un chant de délectation. C’est le ventre plein que nos participants redescendent la colline jusqu’à la fromagerie.

Il est frais, son fromage !

Le lait est arrivé à la fromagerie avant les randonneurs, et se trouve désormais entre les mains expertes d’Agnès. Caillage, découpage, brassage, mise en moule, pressage : elle détaille chaque étape de la fabrication de la tomme de chèvre. Mais la star de la bergerie c’est celui qu’on appelle le lactique, le petit crottin de chèvre, que l’on aime frais, crémeux ou sec selon les palais. Pour celui-ci, pas de presse. Le caillé s’égoutte naturellement et le fromage dans son moule réduit jour après jour. En ce moment, un litre de lait permet de faire deux fromages, mais la quantité varie selon la teneur en matière grasse, qui dépend de l’alimentation des chèvres et de la période de l’année. Une fois salés et réduits, direction la salle d’affinage pour laisser le temps et les petits champignons faire des merveilles. Une faisselle par-ci, 3 petits fromages par-là : rares sont ceux qui repartiront les mains vide.

Envie de parc ?

Les PNR proposent de nombreuses sorties, à faire seul, entre amis ou en famille, pour aller à la découverte des splendeurs des parcs et à la rencontre de ceux qui les font vivre. Rendez-vous sur leurs sites internet :

Où trouver les bons fromages de Mathias ?

  • Vente à la ferme sur rendez-vous de mars à octobre, 1650 chemin de Fioussac, 83136 La Roquebrussanne
  • En AMAP : Le Beausset, La Seyne-sur-Mer, Les paniers de l’Issole de la Roquebrussanne, L’abeille et l’olivier La Ciotat, Terre du soleil Saint-cyr-sur-Mer, Croquevert Roquevaire
  • En magasin : Fromagerie Grosso à Toulon, Boucherie de la Place au Pradet, Boucherie chez Guy et Murielle à Méounes
  • Paniers Marseillais : Luminy, Sainte-Anne, Saint Loup, le Cabas Vert et La Pomme
Mis à jour le 28 mars 2025