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La recyclerie Les Fées Contraires fait des miracles
Mis à jour le 03 janvier 2023Sabine Bodiroga, directrice de l’assocation Soli-cités, est du genre à ne pas tenir en place. Nous la rencontrons dans le quartier des Fleurs de Grasse, devant la vitrine de la recyclerie Les Fées Contraires. Le petit carillon de la porte d’entrée sonne le top départ de la visite. Ici, les nombreux objets qui font le succès de la boutique ont été minutieusement mis en scène par Sophie, la vendeuse aux doigts… de fée. A côté des grands classiques (meubles en bois, cadres, bibelots) des recycleries, on repère en un coup d’œil les créations originales. Luminaires fabriqués à partir d’extincteurs, sculptures réalisées avec de vieux outils, meubles issus de charpentes : ils sont le résultat du travail d’une dizaine de salariés en insertion professionnelle. « Notre association a deux dispositifs qui permettent d’accompagner les publics éloignés de l’emploi, détaille Sabine Bodigora. Il y a une partie qui propose des prestations de service pour l’entretien des espaces verts et bien sûr il y la recyclerie, qui existe depuis 2017. » Pour intégrer l’équipe, nul besoin d’être menuisier, électricien ou designer. Tout s’apprend avec les chefs d’atelier, Jean-Michel et Sauveur.
Que deviendront les turluttes ?
Par une petite route bien jolie, nous arrivons sur les hauteurs de Grasse. A peine le temps de contempler la vue mer. A travers les arbres, on aperçoit l’atelier des Fées Contraires. Il y a une "matériauthèque" où sont entreposés les dons et les objets de récupération: un bric-à-brac avec des collections d’objets hétéroclites comme une caisse de turlutes qu’on a hâte de voir intégrées à une création, et bien sûr un espace de travail. C’est là que nous faisons la connaissance de Jean-Michel, spécialiste de l’upcycling et homme de peu de mots. Il est en plein travail sur un nouveau luminaire, commandé par une cliente qui souhaite un éclairage aux couleurs des voitures Porsche. « Nous travaillons les luminaires, les meubles, le verre, la soudure. L’autre chef d’atelier, Sauveur, travaille plutôt le bois, mais nous essayons de mélanger les compétences », finira-t-il par nous confier. Sous ses ordres, plusieurs travailleurs, qui sont d’ailleurs plutôt des travailleuses, se forment. C’est le cas de Mariana. Arrivée en octobre, elle apprendra de ses chefs d’ateliers jusqu’en février : « je bricolais déjà un peu à la maison, mais ici j’ai appris à manipuler des machines comme les disqueuses, à fabriquer des choses et à avoir des idées ! »
« On a des encadrants géniaux qui nous disent quand on fait du bon travail. C'est bien pour l'amour propre. »
Les idées de cette recyclerie, c’est justement ce qui intéresse un public de plus en plus nombreux. Pas le temps de chômer à l’atelier, le carnet de commandes est plein ! Les clients sont des particuliers qui ont flashé sur des objets exposés en boutique et qui en veulent toujours plus, des entreprises qui commandent du mobilier ou des trophées upcyclés, et même le prestigieux musée océanographique de Monaco, qui a confié à la recyclerie le décor d’un événement autour de la mode durable. De quoi motiver les travailleuses ! Anaïs, par exemple, avait une formation en ébénisterie avant d’intégrer la recyclerie. Elle a participé à la création du décor pour le musée : « j'ai fabriqué un support pour une plante avec des chutes d'extincteur et un socle en olivier. Certaines de nos créations ont été achetées, ça fait plaisir. On a des encadrants géniaux et qui nous disent quand on fait du bon travail. C'est bien pour l'amour propre. »
Les ressourceries, ça coule de source
Comme Sabine Bodiroga aime à le répéter : « un pas après l’autre, on trouve son chemin ». La recyclerie les Fées Contraires attire beaucoup de monde: Allier insertion professionnelle, création et upcycling est une recette vertueuse que l’on trouve dans d’autres structures régionales. Toutes sont fédérées au sein du réseau des ressourceries PACA où elles peuvent se rencontrer et échanger : « nous partageons les pratiques, ajoute la directrice. Avec Les Fées Contraires nous sommes un peu dans une niche, très créative. Certaines structures fonctionnent avec le bénévolat, d’autres sont aussi dans l’insertion avec du gros tonnage, comme la Courtoise qui a des sites près des déchetteries. On se rencontre, et c'est bien parce que par nos différences, on a des regards multiples qui profitent à tout le réseau »
L’action régionale pour les ressourceries en 5 axes :
- Aide à la création de ressourceries et autres structures participant au ré emploi et à la réduction des déchets
- Finance les études de faisabilité
- Améliore la connaissance grâce à l’Observatoire régional des Ressourceries en partenariat avec l’ADEME et l’Association régionale des Ressourceries
- Finance des études, actions spécifiques ou prospectives
- Conventionne avec l’ADEME pour mutualiser les dispositifs et coordonner les politiques publiques