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Particulier, Santé

On a testé : un cours de self défense pour femmes

Mis à jour le 09 février 2023

Depuis 2017, Marie-Alice a créé l’association "Femmes en défense" pour aider les femmes à agir et à prendre conscience de leur capacité d’action. Une fois par semaine dans un gymnase marseillais, elle retrouve ses élèves pour leur transmettre des techniques de self-défense. Le 24 novembre, elle sera à l’Hôtel de Région pour une initiation dans le cadre du Forum "Respect pour les Femmes".

Si le gymnase scolaire Dromel voit généralement défiler petits et grands sportifs, il se mue chaque jeudi soir en salle de pratique de savate défense. Le cours dispensé par Marie-Alice n’est pas tout à fait un cours d’art martial, ni une session de sport. Ici, il s’agit d’apprendre à se sortir d’une situation violente, de reprendre confiance en soi, de surmonter un traumatisme : « nous fonctionnons comme une association sportive, mais les élèves sont là pour apprendre à se défendre. Si, là, je leur dis de faire des pompes, ça ne passera pas du tout ! » s’amuse la professeure.

Ses élèves avaient consacré leur dernière séance à travailler sur leur réactivité, leur capacité à entrer en contact, à prendre un premier coup sans être déstabilisées. Cette fois, elles vont se retrouver dos au mur, dans une situation de saisie de la gorge. Ce thème, avec celui de l’agression au sol, fait partie des plus délicats à aborder, tant il fait écho chez de nombreuses victimes. A l’annonce de la session du jour, nos femmes en défense ne laissent entrevoir aucun trouble. Les paires se forment pour s’entrainer dans la bonne humeur. Notre partenaire, Maëlys, nous prodigue dès l’échauffement de précieux conseils. Cela fait trois ans qu’elle suit ces cours et elle semble s’être intégrée à grands coups de jovialité.

Nous sommes capables

Chacune notre tour, nous prendrons la place de la victime, puis de l’agresseur. Prise au col, strangulation à une ou deux mains, la difficulté des situations va crescendo. Pour chaque cas de figure, Marie-Alice nous explique comment évaluer la dangerosité d’une situation, comment nous échapper de l’emprise de l’agresseur, comment préserver notre intégrité physique et psychologique. Ensuite, nous répétons les mouvements plusieurs fois. Il faut se les approprier, faire en sorte qu’ils deviennent des réflexes si par malheur nous nous retrouvions face à une personne mal intentionnée. A plusieurs reprises, Marie-Alice insiste sur un point : nous sommes capables. « L’objectif de l’association est d’apprendre à se défendre, mais aussi à lutter contre les discriminations et à lutter contre cette idée qu’ont souvent les femmes qu’elles ne vont pas y arriver, détaille Marie-Alice. Je ne leur dis pas qu’elles n’auront plus jamais peur mais qu’elles peuvent surmonter leur peur, vaincre cette sidération. »  

Après avoir passé les techniques en revue avec notre partenaire - qui est probablement la strangulatrice la plus sympathique qu’il nous ait été donné de rencontrer - Marie-Alice propose de se rapprocher des conditions réelles. Quelques volontaires se prêtent à l’exercice. Les mouvements accélèrent jusqu’à devenir brusques, la tension monte immédiatement d’un cran. La violence surgit comme elle surgit partout, à la maison, dans les transports ou dans la rue, pour de trop nombreuses femmes. C’est pour cela que Marie-Alice fait ce qu’elle fait.

Mis à jour le 15 novembre 2024