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Sarah Vigoureux, la doctorante qui traque les inondations
Mis à jour le 09 décembre 2022A 24 ans, Sarah Vigoureux a suivi un parcours sans accroc. Un baccalauréat scientifique en poche, elle poursuit ses études avec une prépa en technologie et physique, avant d’intégrer l’école polytechnique d’ingénieur de Nice Sophia en ingénierie de l’eau. C’est là qu’elle se familiarise avec la recherche et décide de consacrer sa thèse à l’étude des pluies et leurs conséquences sur son territoire, les Alpes-Maritimes. L’enjeu ? Doter ce département d’un nouvel outil capable d’anticiper les déplacements des cellules orageuses et les zones potentielles de débordement des cours d’eau.
La toute première étape de ce travail consiste à étudier le territoire. « Nous analysons les altitudes, la topographie. Il y a les Alpes d’un côté et le massif de l’Estérel de l’autre, qui est certes moins haut mais a tout de même un impact sur les pluies, détaille la chercheuse. Il faut aussi s’intéresser à l’occupation des sols. Les Alpes-Maritimes sont très urbanisées sur la frange littorale, c’est là que se concentrent les enjeux, c’est là que les dégâts, matériels et humains, peuvent être importants. Enfin, il y a l’étude des pluies en elles-mêmes. Il y en a plusieurs types, celles qui sont issues des nuages formés au-dessus de la mer et rencontrent les barrières topographiques, ou les épisodes dits convectifs, très localisés, très courts et très intenses ». Ce sont eux qui font le plus de dégâts.
La Brague peut passer de quelques centimètres à plusieurs mètres en 4 heures
Dans les Alpes-Maritimes, la date du 3 octobre 2015 est tristement gravée dans les mémoires. Ce jour-là, le territoire a connu un cumul de pluie de 100 millimètres en 3 heures, et de 300 millimètres en 24 heures. Le fleuve de la Brague est passé de quelques centimètres à 18h à plusieurs mètres à 22h, emportant avec lui la vie de 20 personnes. Plus récemment en octobre 2020, la tempête Alex faisait elle-aussi de nombreux dégâts, coûtant la vie à 10 personnes. Des catastrophes qui sont appelées à se reproduire avec le changement climatique, et qui sont difficiles à prévoir. « Énormément de facteurs entrent en compte, précise Sarah Vigoureux. Nous raisonnons en termes de bassins versants, donc de terrains qui vont être drainés par une rivière. La pluie tombe, ruisselle, arrive à la rivière puis rejoint son exutoire, la mer. Toute cette chaîne est à prendre en compte, en se demandant si les pluies sont concentrées en amont ou en aval d’une rivière, si elles vont être localisées sur une ville où elles vont ruisseler sans s’infiltrer, si elles vont tomber sur un sol déjà humide et saturé où elles ne pourront pas s’infiltrer, si le niveau des rivières est déjà haut… »
Donner l’alerte aux communes, dimensionner les constructions préventives
Autant de facteurs que Sarah compile pour développer, en collaboration avec le SMIAGE (Syndicat Mixte pour les Inondations, l’Aménagement et la Gestion de l’Eau maralpin), une méthode opérationnelle capable de donner l’alerte aux communes en cas de risques. « Cette méthode pourra être utilisée pour prévoir les pluies et leur impact sur le débit des rivières, et connaitre les endroits qui vont être inondés et à quelle hauteur. Cet outil va permettre de réaliser différents scénarios, de manière à dimensionner les ouvrages pour construire des digues et éviter les inondations, et pouvoir anticiper les impacts des pluies et agir en conséquence ». Actuellement à Paris où elle développe cet outil avec l’INRAE, (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), Sarah Vigoureux regagnera l’Observatoire de la Côte d’Azur pour finaliser ses recherches, d’ici septembre 2024.
La Région Sud soutient ses doctorants
Comme Sarah, de nombreux doctorants sont soutenus financièrement par la Région Sud, via le dispositif « jeunes docteurs innovants ». Environnement, santé, sciences humaines, nouvelles technologies, aérospatial : un large panel d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche régionaux bénéficient d’aides pour l’embauche de jeunes docteurs.
Près de 2 ans après le drame de la tempête Alex, la Région toujours mobilisée
Pour faire face à l'urgence au lendemain de la tempête, la Région a tout mis en oeuvre pour assurer le maintien d’une liaison par hélicoptère, puis la réouverture rapide de la ligne Nice – Breil – Tende. Plus de 45 millions d’€ d’aides directes à la Métropole et au Département ont été mobilisés afin d’accompagner l’effort de reconstruction de la voirie. Pour soutenir l'économie, plus de 300 entreprises ont été accompagnées à hauteur de 2 millions d’€. Après avoir répondu à l’urgence, la Région mobilise aujourd’hui 1 million d’€ dans le Fonds de soutien exceptionnel. Ce dernier, doté de 4 millions d’€ avec les contributions du Département, de la Métropole, de la Communauté d’agglomération Riviera Française et de l’Etat, vient accompagner la reprise de l’activité dans nos vallées.