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Association, Environnement

« Sauvage » veut sauver la Méditerranée en créant des bijoux

Mis à jour le 07 décembre 2022

Saturée de déchets plastiques, la Méditerranée a besoin d’aide. L’association « Sauvage » s’est donnée comme mission de sauver la mer en collectant les déchets plastiques pour les transformer en bijoux éco-conçus. Une initiative unique en Provence-Alpes-Côte d’Azur très efficace pour lutter contre cette plastification massive.

Des déchets plastiques transformés en bijoux. Certains en rêvent, d’autres le font. C’est le cas de l’association « Sauvage » qui mène une expérience unique en Provence-Alpes-Côte d’Azur. En alliant pertinence économique et utilité écologique, cette association marseillaise, soutenue par la Région Sud, ouvre une nouvelle voie. Grâce à un véritable savoir-faire, " Sauvage " parvient à transformer les nombreux déchets plastiques collectés en mer en objet précieux vendus au grand public.

Un kilo de déchets tous les kilomètres

Cette histoire incroyable commence par une randonnée maritime. Emmanuel Laurin, le fondateur de « Sauvage », s’installe en région Sud en 2015. Amateur de natation, il s’adonne à la nage en eau libre en Méditerranée. « Le constat est alors sans appel, la côte méditerranéenne est une pure merveille qui suffoque sous les déchets », déplore Emmanuel Laurin qui pousse la logique en organisant une opération spéciale. Il décide de nager 120 kilomètres entre Marseille et Toulon en ramassant tous les déchets qu’il trouvait sur son passage. Une aventure éco-responsable qu’il nomme « le Grand Saphir ». Au-delà de l’élan médiatique que suscite ce projet, le bilan est implacable. Pour chaque kilomètre parcouru, Emmanuel Laurin ramassera en moyenne 1 kilo de déchets, composé à 92% de plastique ! Cette expérience est à la source d’une véritable prise de conscience. Avec d’autres associations et partenaires, il se lance un défi d’ampleur : sauver la Méditerranée, l'une des mers les plus polluées au monde. 

Financer les opérations de ramassage

Pour mener à bien son projet, l’association « Sauvage » est créée en 2018. Avec des étudiants, des demandeurs d’emplois, des salariés, une équipe se constitue dont le but est de valoriser les déchets récoltés régulièrement par des associations de protection de l’environnement. Selon les principes de l’économie circulaire, " Sauvage " considère les plastiques en mer, non pas comme un déchet, mais comme une matière première qui a une valeur en soi.

Avec une petite équipe, il investigue les méthodes et les moyens techniques pour nettoyer et broyer les déchets. Grâce à des ressources trouvées sur internet, les membres de l’association parviennent à maîtriser ces technologies. Dans un atelier à Aix-en-Provence, ils parviennent à transformer des plastiques marins, des filets de pêche et des déchets sauvages terrestres en produits éco-conçus comme des boucles d’oreilles, des bracelets mais aussi des colliers, des portes clés et des sacs vendus en ligne et ou en boutiques. La vente de ces produits permet de financer les opérations de collecte de déchets effectuées en mer et sur terre régulièrement organisées par les associations locales de protection de l’environnement.

Une logique vertueuse et pertinente. Depuis 2019, « Sauvage » traite entre 500 et 800 kilos de déchets chaque année. Une matière première qui permet de fabriquer 5 000 bijoux annuellement. « Dans notre atelier, les plastiques sont transformés en paillettes qui sont ensuite facilement transformables en bijoux », précise Emmanuel Laurin. En 2019, l’activité de l’association a pu générer 150 000 euros de chiffre d’affaires en sachant que 10% est reversé aux associations de protection du littoral, soit 15 000 euros.

Une recyclerie mobile

L’association « Sauvage » se professionnalise au fil du temps. En répondant à un appel à projet de la Région Sud pour une Méditerranée zéro plastique, « Sauvage » compte investir dans de nouvelles machines ainsi qu’un camion. En 2023, l'association a le projet de créer une recyclerie mobile qui aura vocation à se déplacer dans les écoles ou lors d’opérations de ramassage. L’objectif est de sensibiliser le grand public de l’importance de recycler les déchets sur nos plages. Une cause qui avance selon Emmanuel Laurun. « On constate que notre cause se développe bien en région Sud, sans doute parce que la mer est proche de nous. C’est très rassurant pour contrecarrer la pollution plastique en mer. Cette prise de conscience va dans le bon sens. »

Zéro plastique en Méditerranée : de la charte à l'action

Réduction de la production et de la consommation, solution de réemploi, tri et recyclage, fin des emballages plastiques à usage unique : une autre voie est possible, vers un monde sans plastique. Depuis 2016, la Région s’est engagée dans la lutte contre cette pollution à travers un programme ambitieux visant « zéro déchet plastique en mer » à l’horizon 2030. C’est même une pionnière en la matière. Un engagement renouvelé et partagé avec l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à l’occasion du Congrès mondial de la nature qui s’est tenu en septembre dernier à Marseille.

Mis à jour le 20 novembre 2024