Mordu de ski depuis tout petit, Arthur Bauchet concilie un palmarès sportif hors du commun avec une maladie héréditaire qui touche ses membres inférieurs. Rencontre avec un athlète au sourire à toute épreuve.
Tu es né à Saint-Tropez, tu as grandi à Grimaud et tu habites aujourd’hui à Briançon. C'était comment ce passage de la mer à la montagne ?
Assez progressif ! ça a commencé lorsque mon prof de voile du sud m’a fait découvrir Serre-Chevalier. A partir de ce moment-là et pendant près de 10 ans, j’ai fait l’aller-retour tous les week-ends entre Grimaud et Serre-Chevalier. J’avais le compromis parfait : mer toute la semaine et montagne le week-end ! Depuis 2016 j’habite à la montagne mais je redescends souvent parce que ce n’est pas facile de s’éloigner de la mer quand on y a grandi.
Tu as été très tôt passionné de ski.
J’ai commencé à skier à 5 ans, et à 7 ans j’étais amoureux de ce sport. Au début, c'était vraiment par plaisir, mes parents m’emmenaient sur des petites courses le week-end et tout était fait pour me faire kiffer. Ils voyaient que j'adorais ça et n'attendaient aucun résultat. Je n’étais pas quelqu'un avec un très gros esprit de compétition à la base. Maintenant je l’ai vraiment développé et je suis très compétitif, j’ai absolument horreur de perdre. Les compétitions en handisport ont commencé en 2016 quand je me suis vraiment installé à Briançon et aujourd’hui ça me prend tout mon temps !
Comment est-ce que tu fais pour concilier ta maladie et une pratique sportive de haut niveau ?
Alors j'avoue que normalement ce n’était pas forcément compatible. Il y a même des médecins qui m'ont dit que j'allais sûrement devoir arrêter le sport, mais ça c’était impossible. J’ai continué et aujourd’hui c’est devenu mon métier, donc c’est incroyable. J'en demande énormément à mes jambes, ce n’est pas toujours évident mais en même temps, aujourd'hui le ski fait partie de mon traitement. J'en ai réellement besoin pour me sentir bien. Dans la tête, ça va bien grâce au sport. Chaque fois que je fais une descente, chaque victoire c’est une victoire sur la maladie et c’est ça qui est beau. Pourvu que ça dure ! En plus du travail classique y a l’évolution de la maladie qui fait que c’est de plus en plus dur. Mais bon, j'aime bien les défis, du coup, ça me va bien.
L’ultime récompense de tous ces efforts, ce sont les JO où tu as tout raflé. Quel souvenir tu en gardes ?
Franchement, ces trois médailles d'or et cette médaille de bronze, incroyable ! Et celle de bronze, peut être encore plus que les autres. C'est celle qui porte la valeur du dépassement de soi parce que j’étais vraiment sur les rotules pour cette médaille-là. Mon seul regret c’est de pas avoir pu partager ça avec ma famille en direct, mais quand je suis revenu j’ai fait la fête à Grimaud et à Serre-Chevalier. C’était beau de voir l’entrain que ça a suscité dans mon club et ma famille et même au-delà. Énormément de personnes en France étaient à bloc, j’ai reçu plein de messages pour me féliciter. C’est là qu’on voit que la dimension des jeux c’est vraiment à part.
Aujourd’hui tu es un vrai ambassadeur de Serre-Chevalier.
Oui, mais je trouve encore le moyen de me perdre sur les pistes, tellement le domaine est énorme ! C’est ma station de cœur, elle évolue tout le temps, c’est un régal. Et puis c’est plus facile qu’à Grimaud pour trouver de la neige ! L’été, je me suis trouvé un nouveau terrain de jeu avec le vélo. Des sentiers de VTT, il y en a des centaines de balades et une dizaine de cols alpins mythiques. Dès que le soleil revient, même s’il ne part jamais vraiment, je prends mon vélo ! Le Var et les Hautes-Alpes se battent pour une place dans mon cœur !