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Aurélien Bergeron, aquaculteur. "Je fais du bio parce que j'y crois"
Mis à jour le 03 mars 2022Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans cette incroyable aventure ?
Aurélien Bergeron : Un parcours classique. A la suite d’un bac général, j’ai fait un BTS pour me spécialiser dans l’élevage de poissons même si je ne suis pas issu d’une famille d’aquaculteurs. Mes parents n’ont rien à voir avec la filière aquacole. En revanche, ils m’ont transmis la passion de la mer et des poissons depuis que j’étais minot. Cette passion m’a poussé vers mon activité actuelle. Alors je me suis formé en intégrant une équipe et j’ai pu me spécialiser dans les poissons de Méditerranée. J’ai eu une opportunité en travaillant sur l’île de Pomègues et j’ai pu reprendre l’entreprise avec Fanny Stabholz, la gérante.
Jeune, vous imaginiez un jour devenir aquaculteur ?
Non pas du tout ! On m’a inculqué l’importance d’avoir envie de faire son métier dans la vie et de se lever tôt le matin pour aller travailler. Le fait de reprendre cette exploitation, il y a 8 ans, a été une formidable opportunité et un tremplin pour moi, qui suis originaire de Marseille, et mon associé. Je fais surtout ce métier par passion même si c’est très physique et parfois éprouvant avec le froid et les éléments. Il y a aussi une partie de manutention qui est très fatigante et un peu pénible, à force c’est usant pour le corps. Il faut avoir la passion du métier.
Quelle est l’activité de votre entreprise ?
Elle marche bien. J’ai quatre salariés et on peut monter jusqu’à cinq en pleine saison, l’équipe peut parfois être renforcée par des apprentis. Nous produisons 60 tonnes de poissons par an.
Vous êtes satisfait de cette activité ?
Oui même si la filière reste fragile. Il est toujours compliqué de faire comprendre aux gens en quoi consiste l’élevage marin. Dès que l’on élève des poissons, il y a beaucoup de questions posées. Beaucoup pensent que c’est une manière industrielle et que c’est catastrophique pour l’environnement. J’observe beaucoup d’amalgames à ce sujet. C’est pour cela que j’essaye de montrer au grand public que nous faisons les choses bien et de façon artisanale. Nous sommes des professionnels qui croyons en notre métier.
Vous souffrez de cette mauvaise image ?
Oui c’est vrai. Les gens pensent que notre activité, c’est moche et ça pue ! Or notre pays a besoin de l’élevage marin. C’est une filière jeune qui a vocation à évoluer dans le bon sens.
D’autant que vous élevez des loups bio, en quoi cela consiste ?
Nous avons choisi le loup car c’est un poisson des eaux méditerranéennes. C’est un poisson noble que le public connait. Nous achetons des alevins et nous les faisons grossir dans nos cages, le processus prend deux ans et demi.
Pour le bio, nous devons respecter un cahier des charges. D’abord l’alimentation. Nous nous fournissons chez un professionnel de Bretagne avec des protéines animales d’origine marine et non destinées à la consommation humaine, issues pour la plupart de co-produits de la pêche et des végétaux bio et rien d’autre.
Nous respectons le bien-être animal en laissant de la place à nos poissons dans nos cages.
Enfin nous n’avons pas le droit d’utiliser des antibiotiques et des produits phytosanitaires.
Le bio, c’est le bon choix ?
Oui. Nous avons choisi le bio, non pas dans une logique économique, mais parce que nous y croyons, cela a du sens à mes yeux. Nous sommes dans cette éthique du bien-être animal et du respect de notre environnement dans lequel on travaille.
Les agriculteurs sont souvent attaqués par une partie de l’opinion publique, sentez-vous un malaise parmi la profession ?
Oui c’est vrai que l’on sent un malaise quand les gens nous mettent dans le même panier que les éleveurs industriels de saumon dans le Nord de l’Europe. Au contraire, nous sommes des petits producteurs passionnés et respectueux en relation directe avec la nature. Il faut se battre là-dessus en montrant que les agriculteurs font bien leur métier et qu’ils croient en ce qu’ils font.
Espérez-vous une prise de conscience ?
Oui. Les gens ont pris conscience de l’importance du manger local et de qualité. Il faut continuer dans ce sens et faire attention aux origines de notre alimentation.
L’importance de la pêche et de l’aquaculture professionnelle locale
Ces métiers de la mer correspondent à des métiers de passion et d’engagement. Ces professionnels exercent un métier éprouvant physiquement, qui nécessite non seulement une bonne condition physique mais qui entraine également des investissements financiers importants pour des résultats qui ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux. Les conditions météorologiques en premier lieu et d’autres aléas tant environnementaux qu’économiques (comme la hausse du prix des carburants).
Défendre cette pêche et aquaculture professionnelles c’est :
- Défendre des emplois non-délocalisables
- Une qualité et des normes respectées
- Reconnaitre une tradition deux fois millénaire
Découvrez la ferme d'Aurélien Bergeron :
www.provaqua.com
La Région Sud soutient les jeunes agriculteurs pour s'installer
La Région Sud et les Chambres d'Agriculture ont mis en place un dispositif d'accompagnement à destination des jeunes souhaitant s'orienter vers une carrière d'agriculteur. Ce dispositif repose sur 3 aspects : tout d'abord, faire le point sur le projet d'installation, ensuite, préparer et anticiper la création de l'exploitation et enfin, la possibilité d'obtenir un accompagnement personnalisé tout au long du processus d'installation.
Foncier, compétences, administratif, financement, toutes les aides à l'installation sont disponibles sur https://paca.chambres-agriculture.fr/nos-services/vous-etes-futur-agriculteur/