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©Claude Almodovar
Agriculture, Économie-Entreprise, Eco-développement

Véronique Michelet, trufficultrice :" La truffe, une affaire de famille ! "

Mis à jour le 24 février 2022

La passion de la truffe de générations en générations. C’est de cette manière que Véronique Michelet, Présidente du Syndicat des Trufficulteurs de Vaucluse, est tombée dans la marmite quand elle était petite. Fille et petite-fille de trufficulteur, c’est tout naturellement que Véronique Michelet a pris aujourd’hui le relai de cette aventure familiale, à mi-temps avec son activité de pharmacienne.

 

Comment devient-on trufficultrice ?

Véronique Michelet : Par filiation et par passion pour ma part ! J’ai commencé toute jeune à aider mes parents et mon grand-père. Je participais aux cavages (L’action qui consiste à creuser pour extraire la truffe de la terre), aux récoltes. J’ai continué à perpétuer la tradition familiale. Aussi loin que je me souvienne, la truffe a toujours été dans ma maison. Aujourd’hui, mon temps est divisé entre la truffière et la pharmacie. Une vie bien remplie en résumé ! 

Pour les néophytes, la truffe pousse au hasard dans les bois. C’est évidemment une idée reçue. Alors, comment s’y prend-on pour cultiver la truffe ? 

Quand des agriculteurs, en 1860, ont compris qu’en plantant des glands de chênes, cela permettait de récolter quelques années plus tard des truffes au pied des arbres, la trufficulture est née. Très vite, la trufficulture est devenue une activité de complément, pendant la saison morte pour les fruits et les légumes. En intervenant manuellement sur la terre et sur les arbres, on s’est aperçu que la récolte augmentait. Aujourd’hui, c’est une activité agricole comme une autre : planter des glands, travailler le sol, irriguer les plants, tailler les arbres, pour par la suite trouver le « diamant noir » ! Sauf que la truffe est invisible, cachée sous la terre, et c’est ce qui fait tout le charme de ce métier. Il y a une grande part de mystère !

Qu’est ce qui fait la beauté de votre métier ? 

Deux aspects. Tout d’abord, le cavage, c’est vraiment ce qui nourrit cette passion au quotidien. Partir « caver » la truffe avec mon chien est indéniablement ce qui me rend heureuse au quotidien. Cette relation que l’on a construite est unique. Avant même qu’il ne parte à la recherche d’une truffe, je sais, à son attitude, qu’il va trouver une belle truffe. Quand il part très vite en courant en direction des chênes, on comprend immédiatement. Quelques mots suffisent pour travailler ensemble en parfaite symbiose. Dès mon plus jeune âge, j’ai eu l’habitude de voir les chiens de la famille ramener la truffe jusqu’aux pieds de mes parents. Un vrai travail d’orfèvre.Ensuite, et bien évidemment, la gastronomie. En brouillade, sur un morceau de pain avec du beurre, entre amis pour l’apéro, la truffe est conviviale, et rassemble les hommes. 

« Ce qui fait le charme de la truffe, c’est le mystère !» 

Pour dénicher la truffe, vous pouvez donc compter sur le meilleur ami de l’homme !

Absolument ! Je suis toujours accompagnée de mon chien, éduqué tout jeune à reconnaitre l’odeur de la truffe. Une fois lâché, il va très vite être capable de sentir une grosse truffe à plusieurs centaines de mètres, à travers le champ. Il se dirige vers l’arbre, commence à creuser, et attend sagement que j’agrandisse le trou avant de ramasser la truffe. Un biscuit pour le récompenser, et il repart en courant dénicher la prochaine ! 

Qu’est-ce qui fait la noblesse de la truffe ? 

Sa façon de se développer. Le mystère qui l’enveloppe. On ne sait jamais où elle est, sa taille. Nous sommes très dépendants du flair de nos chiens pour la trouver. Sans mon chien, je suis incapable de trouver une truffe. Son parfum, ses arômes bien sûr, tellement reconnaissables. Et ne me parlez pas des arômes artificiels. C’est de la chimie, très loin du vrai parfum de la truffe. Pour apprécier la truffe, il faut goûter de la vraie truffe ! 

Comment la truffe est perçue par les habitants de Saint-Didier ? 

Il y a toujours eu de la truffe et des trufficulteurs ici. Beaucoup de nos discussions y sont consacrées. Elle fait partie de notre terroir, c’est notre identité. On échange sur la récolte, sur nos techniques, sur nos chiens, encore une fois. Parce que les deux sont indissociables. C’est un plaisir d’échanger au quotidien avec mes collègues, ou les habitants de Saint-Didier, toujours curieux et bienveillants ! Je tiens vraiment à souligner l’importance de la truffe pour le terroir de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Je m’engage au quotidien au sein du Syndicat des Trufficulteurs de Vaucluse pour la défendre. Elle fait partie de notre patrimoine rural, et je suis reconnaissante du soutien que nous apporte la Région Sud pour la valoriser !

L’action régionale en faveur des trufficulteurs

La Région Sud a voté en décembre 2019 un Plan Truffe, en 5 axes, pour encourager à la professionnalisation de la filière et accompagner les trufficulteurs.

• Axe n°1 : consolidation et animation collective de la filière

Axe n°2 : soutien à la plantation

Axe n°3 : Conseils techniques aux trufficulteurs 

Axe n°4 : soutien à l’expérimentation

Axe n°5 : soutien aux foires locales garantissant origine et qualité de la production

Mis à jour le 15 novembre 2024