Vous êtes ici :
©Claude Almodovar
Agriculture, Économie-Entreprise, Eco-développement

Carine Dalmasso, viticultrice à Nice : "J’ai un métier très enrichissant"

Mis à jour le 03 mars 2022

Vigneronne à Nice, Carine Dalmasso produit du vin bio avec précision. A Domaine de la Source, sur les hauteurs de Nice, cette professionnelle qui entretient une passion pour la viticulture, nous parle de son quotidien et de ses espoirs. Elle appelle à soutenir les agriculteurs traités injustement par une partie de l’opinion publique.

Quel est votre parcours avant de devenir viticultrice ?

Carine Dalmasso : Je suis née à Nice. J’ai suivi ma scolarité dans les petites écoles de villages dans les collines niçoises. Une fois mon bac en poche, j’ai commencé à travailler, car j’avais envie de liberté financière, dans un magasin de bricolage dans la plaine du Var. Dans les années 2000, mes parents, qui étaient horticulteurs, ont dû abandonner leurs activités à cause de la concurrence étrangère. Ils ont donc planté un petit lopin de vigne sur un hectare. D’abord pour essayer et finalement ils ont continué à travailler la vigne. Je me souviens que je participais aux vendanges avec eux.   

Cela vous plaisait de faire vendanges avec vos parents ?

Ah oui !  Je le faisais avec beaucoup de plaisir mais sans l’idée de me lancer dans la viticulture. A l’époque, il n’était pas question que je vienne travailler avec eux sur une si petite surface. Ce n’était pas possible. Donc je faisais cela en dilettante en plus de mon travail jusque dans les années 2004 quand un terrain de 3,3 hectares s’est libéré. Avec mon frère et mes parents, nous avons choisi de racheter ce terrain pour agrandir l’exploitation et pouvoir venir travailler avec eux et faire du vin.  

Vous aviez donc une double activité à l’époque ?

Absolument ! J’avais encore mon travail dans le magasin de bricolage. Avec ce nouveau terrain, il a fallu débroussailler et aménager les parcelles afin de planter les vignes. Cela a pris du temps, et représentait un gros investissement. Il fallait payer les crédits et, en même temps, pouvoir travailler à  temps plein. En 2009, nous nous sommes enfin lancés dans la production.  

Avez-vous été formée pour devenir viticultrice ?

Pas du tout ! Je n’étais pas préparée à cela. Je ne savais pas que la viticulture pouvait me passionner à ce point. J’ai appris sur le tas grâce à mes parents. Sans vraiment faire attention, on apprend quand on a des parents agriculteurs. Je me suis formée petit à petit sur place en faisant des formations à droite et à gauche ou en allant goûter des vins lors de salons professionnels. C’est comme ça que j’ai fait ma propre expérience. Plus tard, avec le retour des clients sur nos produits, on apprend à avancer et se remettre en question.

Comment a évolué votre activité depuis 2009 ?

Depuis nous avons agrandi notre exploitation. Nous avons acquis d’autres terrains pour produire un peu plus même si cela reste des petites surfaces. Cela demande beaucoup de travail car tout est fait à la main. Nous sommes actuellement sur 7 hectares. On fait du vin, blanc, rosé et rouge avec des cépages anciens et endémiques. Nous produisons 15 000 bouteilles par an.

Vous gagnez bien votre vie ?

Dans l’agriculture, on ne peut pas dire que l’on gagne bien sa vie ! On a fait beaucoup d’investissements et tout cela il faut le payer car le foncier sur Nice est très cher. Il a également fallu agrandir les bâtiments. C’est un métier de passion où l’on ne compte pas son temps. Mais cela reste un très beau métier. Je suis bien contente de m’être lancée dans cette aventure car le métier de viticultrice est très enrichissant. On ne s’ennuie jamais.

Qu’est ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

Le mélange de beaucoup de choses. Tailler les vignes, faire goûter les vins, c’est extraordinaire ! Ce n’est jamais la même chose car chaque année le vin est différent. Il n’y a pas de routine. D’autant que nous travaillons à la campagne, c’est sauvage alors que nous sommes en plein Nice. C’est tout à fait dépaysant pour nos visiteurs.

Quel est votre rapport avec vos voisins ?

Je suis une enfant du pays donc ça se passe très bien. Les anciens sont heureux de voir des jeunes se lancer dans le vin. Ils en sont même fiers. Nos relations avec les autres habitants, les clients et les fournisseurs sont au beau fixe.

Vous vous êtes lancée dans l’huile d’olive ? 

Oui nous aimons notre terroir et nous bénéficions d’une AOP à Nice. Nous avons des oliviers dans chacune de nos parcelles. La vigne et les oliviers se marient bien. Quand mon grand-père a acheté le domaine, il y avait déjà une parcelle d’oliviers. Alors, il était naturel, que dans chaque hectare de vigne, on récupère des vieux oliviers laissés à l’abandon. Nous produisons donc une huile d’olive bio comme notre vin d’ailleurs.

Pourquoi avez-vous choisi de produire du vin bio ?

Pour nous qui sommes en contact direct avec la vigne, on se protège car nous n’utilisons aucun produit chimique. Nous avons de la chance d’avoir peu d’humidité car elle favorise les parasites, c’est donc plus facile pour nous. Le bio, c’est aussi des vins authentiques, sans rajout, sans aromatique ajouté, sans le côté commercial. Grâce au bio, on laisse s’exprimer les vins et son terroir. Et puis le bio permet aussi à la nature de s’épanouir. Dans nos vignes, vous avez des coccinelles et des petits oiseaux, c’est magnifique à regarder ! Le bio nous permet de protéger notre terroir pour nous et nos enfants qui arrivent. Travailler dans ces conditions est une très belle expérience.

Mais le bio, ce sont des contraintes aussi

C’est vrai. Cela coûte cher. Rien que pour désherber, nous devons utiliser les tracteurs entre les vignes, mais nous devons travailler à la main pour les abords des parcelles et cela prend du temps. Nous avons également des contrôles réguliers.

De plus en plus d’agriculteurs passent au bio et font très attention. Nous ne sommes plus dans les années 80 et 90 où les pesticides étaient utilisés sans précaution. 
Carine DALMASSO, viticultrice à Nice 

Une partie de l’opinion publique critique les agriculteurs. Comprenez-vous ces critiques ?

Je trouve ces critiques injustes car, sur la question des pesticides, un gros effort a été réalisé. De plus en plus d’agriculteurs passent au bio et font très attention. Nous ne sommes plus dans les années 80 et 90 où les pesticides étaient utilisés sans précaution. C’est époque est révolue. Dans sa grosse majorité, les agriculteurs ont conscience de ce qui se passe dans leurs champs. Il faut donc les soutenir car il s’agit de notre assiette et qu’il ne faut pas dépendre des autres pays pour se nourrir. Nous devons préserver notre indépendance alimentaire.

Comment faire pour réconcilier la société et le monde agricole ?

Il faut acheter des produits locaux au maximum et s’intéresser au monde agricole en visitant les fermes. Les enfants doivent se rendre dans les serres et les champs pour revenir à la base. Aller voir nos agriculteurs pour échanger avec eux et goûter leurs produits. Maintenant, beaucoup font cet effort d’ouvrir leurs portes et les visiteurs sont ravis. Comme cela, on sera moins dur avec le monde agricole.

C’est facile d’être une femme dans le monde du vin ?

C’est comme dans tous les métiers. Je remarque de plus en plus de femmes se lancent. On a toujours des personnes un peu sexiste ou macho mais je ne me plains pas. Quand on a fait ses preuves, il n’y a plus aucun souci.

Filière viticole, le soutien de la Région Sud centré sur la recherche

La recherche est assurée par les trois chambres d’agriculture, les Syndicats (19) et l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) pour la viticulture et par les deux organismes émanant des interprofessions pour l’œnologie, l’Institut Rhodanien et le Centre du Rosé. Ces recherches doit permettre de faire rayonner de la région dans le monde entier notamment aux Etats-Unis.

Mis à jour le 15 novembre 2024